- LIMAGNE
- LIMAGNELIMAGNEFossé d’effondrement orienté nord-sud, la Limagne est située dans la partie nord du Massif central, entre la chaîne des Puys à l’ouest et les monts Forez à l’est; elle est fermée au sud par les monts Dore, le Cézallier, le Livradois, et s’ouvre au nord sur le Bourbonnais. Datant du Tertiaire, l’effondrement s’est accompagné de volcanisme sur le rebord occidental. Il a été suivi d’une importante sédimentation (calcaires et marnes sur 1 200 m). Les coulées de laves ont constitué dans la plaine des collines aux possibilités agricoles limitées sur les versants et sur les cheires trop rugueuses; en revanche, les surfaces planes des coulées récentes recèlent des sols fertiles, qui portent des cultures encore plus belles lorsque l’irrigation est possible. Moins élevées que les buttes volcaniques (700-800 m) concentrées dans le Sud, des buttes calcaires forment une zone accidentée, atteignant 550 mètres dans la région de Gannat, 350-400 mètres dans la région de Saint-Pourçain, et remontent vers le nord, sur les bordures orientales et occidentales. Entre ces hauteurs, la plaine, composée de marnes, recèle des terres noires et brunes d’une extrême fertilité; de légères ondulations individualisent les «hauts» et les «marais» asséchés dès le Moyen Âge, puis au cours des XVIIIe et XIXe siècles. À l’est les «varennes» sableuses, aux sols podzoliques, sont issues de dépôts pliocènes.Le climat de type continental est sec (600 mm de précipitations par an), rigoureux en hiver, mais l’été connaît de grosses chaleurs. L’agriculture est l’activité dominante: dans la plaine, la culture de céréales donne de bons rendements comparables à ceux de la Beauce ou de la Brie; l’élevage bovin a pratiquement disparu, entraînant l’élimination des prairies et des cultures fourragères. Les exploitations sont moyennes (de 15 à 30 ha) et composées de parcelles géométriques, restées petites malgré le remembrement. Les buttes calcaires portent des vignobles de qualité (Saint-Pourçain) sur les pentes, des céréales et des cultures maraîchères sur les parties planes. Les débris basaltiques sont de bons terroirs à vigne. Les autres «pays» sont pauvres: landes sur les cheires, bois sur les varennes. Accentuée par la crise de phylloxéra et les transformations de l’agriculture, la dépopulation a fait passer la densité de la Limagne de 103 habitants au kilomètre carré en 1841 à 65 en 1966. La position de carrefour a favorisé le développement des villes qui offrent à de nombreux ouvriers paysans des emplois industriels dans des usines importantes: pneumatiques à Clermont-Ferrand; appareillage électrique et aluminium à Issoire; produits pharmaceutiques, fibres optiques, électronique à Riom (19 000 hab. en 1992); coutellerie traditionnelle de haute qualité à Thiers (15 000 hab. en 1992) qui, au début des années 1990, réalisait 65 p. 100 du chiffre d’affaires de la coutellerie sur le plan national; Montluçon-Commentry (60 000 hab. en 1992, pour l’agglomération) a réussi sa reconversion: c’est la capitale économique du Bourbonnais. Vichy (28 000 hab. en 1992) a joint au thermalisme une industrie annexe lucrative: mise en bouteille de l’eau minérale, fabrication de pastilles, produits de beauté. Clermont-Ferrand domine la région avec 140 000 habitants en 1992, (260 000 dans l’agglomération). Le développement industriel de Clermont-Ferrand date de l’invention du pneumatique en caoutchouc pour automobiles par les frères Michelin en 1896. La firme Michelin, dynamique et soucieuse de ne pas se laisser distancer par ses concurrents américains, provoqua un effet d’entraînement important vers une diversification industrielle: produits alimentaires, constructions mécaniques, chimie, imprimerie de la Banque de France. Dans les années 1980, les usines Michelin de Clermont-Ferrand se sont trouvées moins productives. Lorsque la conjoncture et l’endettement, considérable, entraîné par l’achat d’Uni-Royal au début de la décennie ont imposé des économies drastiques à la firme, c’est à Clermont-Ferrand que les effets ont été les plus sensibles. À partir de 1983, cinq plans sociaux successifs ont fait passer les effectifs de 30 000 à 16 000 employés. Au recensement de 1991, Clermont-Ferrand enregistrait une baisse de 7 p. 100 de sa population en l’espace d’une décennie.
Encyclopédie Universelle. 2012.